D’où tant de fragilité, d’où tant d’inconstance?

Regart, Lévis
peinture
2001

D’où tant de fragilité, d’où tant d’inconstance ? Je ne puis resoulder ce verre. [1]
Jean de Sponde

Cette exposition parle de  distance. Celle que l’individu entretient avec lui-même et avec les autres. Les quatre miroirs peints FIN-FOR-FOU-FOI occupent une pièce fermée de dimension restreinte, où chacun des murs affiche un des miroirs convexes. Lorsqu’il pénètre dans la pièce, le visiteur est spontanément confronté à sa propre vue et à celles réfléchies et multipliées des miroirs. Il devient un et un autre et perçoit des sentiments contradictoires :

Joie de se voir, inquiétude de se connaître : il n’y a pas de
regard sur soi qui ne porte en même temps plaisir et crainte.

Il se surprend en-dehors de lui-même alors que le miroir peint dévoile sa fonction dichotomique par l’édification ou la déconstruction symbolique de l’individu.

Les miroirs en révélant notre personne à la conscience, nous incitent à comprendre les étapes de son édification.

Le miroir introduit « une nouvelle poétique de l’éphémère et du discontinu [qui] rappelle à l’homme que le monde n’est pas une composition harmonieuse et que le sens de la vie n’est pas une donnée immédiate. »

Les quatre mots phonétiquement semblables, FIN – FOR – FOU – FOI, qui s’inscrivent sur les miroirs, contribuent à renforcer des effets d’introspection et de révélation au monde propre à l’objet spéculaire.

La ressemblance ne fait pas tant un, comme la différence fait autre.

Je ne me trouve pas où je me cherche et me trouve plus par rencontre que par inquisition de mon jugement.

Dans les peintures de blocs comme avec les miroirs, la présence de l’individu se manifeste et se modifie dans une organisation non structurante du monde, où le rapport à l’autre s’effectue par morcellement, par bribes et rapiècements.


[1]  Miroirs. Jeux et reflets depuis l’Antiquité, éd. Somogy.
Les phrases en italique sont issues de cette publication.

Dou_01
Dou_FOR
Dou_FIN
Dou_FOI
Dou_FOU
Dou_02